« Celui-ci est mon Fils, écoutez-Le » (Lc 9, 35)

Depuis l’année dernière nous avons commencé par observer un temps de silence beaucoup plus marquant dans les célébrations liturgiques pendant le carême. Ce qui aide à mieux rendre compte que le carême est un temps qui invite à écouter davantage la voix du Seigneur. Ces instants de silence beaucoup plus significatifs pendant les célébrations, se révèlent un des meilleurs moyens pour écouter le Christ-Jésus : « Celui-ci est mon Fils, écoutez-Le ! En effet, c’est dans le silence que l’on peut vraiment entrer dans un vrai dialogue avec celui qui s’offre à nous dans sa Parole. Souvent on chante dans la langue Créole Haïtienne : « tanpri Bondye Granmèt nou, aprann nou rete an silans, pou nou kapab rankontre w (Seigneur, nous t’en supplions, apprends-nous à garder le silence afin de te rencontrer).

Traditionnellement la liturgie nous fait prendre des positions pendant les célébrations liturgiques (être debout, être assis, la position des mains, des bras, etc.). Mais, l’attitude d’écoute où l’être se fait plus intérieur pour que l’attention soit plus présente est celle où l’on est assis. Le silence révélateur que nous observons après l’homélie, notamment pendant le temps de carême, n’est pas un arrêt dans le déroulement de la liturgie, mais au contraire il est plutôt une entrée au cœur même de la célébration. C’est un moment de haute importance ; il est fait pour révéler l’Esprit Saint qui a été présent et a agi dans la vie du Christ, liturge par excellence, et qui, dans l’action liturgique, invite intérieurement les enfants de Dieu dispersés à accueillir la Parole de Dieu, à croire, à se convertir sous son action ; bref, à entrer en communion avec le Christ.

Si on fait attention au déroulement des célébrations eucharistiques, il y a plusieurs endroits où le silence est vivement conseillé ; et cela est une invitation à être disponible à l’action de l’Esprit Saint qui parle dans le silence. La seule nouveauté qui est un vrai cadeau pour chacun, c’est que pendant le temps de carême le silence devient un marqueur pour mieux entrer dans le mystère unique du Christ et de l’Église, actualisé par l’Esprit Saint. En effet, « plus grand est le mystère, plus grand est le silence, plus s’étend l’œuvre de l’Esprit Saint ». En ce sens, le silence devient la volonté de créer un espace et une disponibilité à l’égard de l’action de l’Esprit Saint, parce qu’il est l’âme de l’action liturgique et de toute la liturgie.

De même que le silence après la communion au corps et au sang du Christ est un espace réservé à la présence et à l’action de l’Esprit Saint qui nous fait participer de la manière la plus pleine au mystère pascal , le long silence que nous sommes invités à observer après chaque homélie pendant le temps de carême est devenu le lieu où on se laisse conduire par l’Esprit Saint « dans toute la vérité » (Jn 16, 13). Celui qui veut vraiment écouter le Fils doit se mettre à l’écoute de l’Esprit Saint. Soyons des hommes et des femmes de silence et d’écoute à l’instar de Saint Joseph !

Père Pierre Donald Cénor