Un pèlerinage de la miséricorde : loué soit Dieu !

À l’ouverture du jubilé de l’espérance, notre évêque nous a encouragé à vivre le pèlerinage vers la miséricorde du Seigneur, dont l’expression est le sacrement de la confession. Or, voici les premiers mots de saint Augustin au tout début des Confessions : « Tu es grand, Seigneur, et bien digne de louange ; elle est grande ta puissance, et ta sagesse est innombrable. Te louer, voilà ce que veut un homme, parcelle quelconque de ta création. » Voilà la vocation de tout homme : louer Dieu, son Créateur. Cette louange porte à bon droit le nom de « confession » : « confiteor » signifie en latin « je confesse », dans le sens « je proclame avec vous ». Et quelle est cette proclamation ? La louange du Seigneur, notre Créateur : voilà pourquoi Il nous a donné la parole, le chant, l’art, la technique, bref, notre humanité.

Certes, il y a bien des péchés à confesser, c’est-à-dire à reconnaître à haute voix. Écoutons encore saint Augustin : « Ne t’ai-je pas tout haut parlé contre moi, en te disant mes manquements, mon Dieu, et toi, ne m’as-tu pas remis l’impiété de mon cœur ? […] Je ne veux pas, moi, me tromper moi-même. » Cette confession des péchés est d’abord une question d’intégrité spirituelle : comment pourrais-je louer le Seigneur de tout mon être si je ne commence pas par reconnaître qu’une partie de moi, bien identifiée, n’est pas accordée au Seigneur et que j’en suis un peu responsable ? Toutefois, ce n’est qu’une étape : la confession des péchés vise quelque chose de beaucoup plus grand, la louange de Dieu par l’homme ! Alors, n’approchons pas la confession au temps du Carême comme un nettoyage de printemps, en cherchant à retirer les taches et à faire briller notre vêtement. Bien plutôt, visons la louange ! Je peux bien arriver à la confession avec la tristesse de ne pas avoir été à la hauteur depuis ma dernière confession. Toutefois, le but, c’est qu’une fois pardonné, je confesse à pleins poumons la louange du Seigneur : le 4 avril prochain[1], nos deux églises ne devraient pas être plongées dans un silence pesant, mais au contraire, résonner à chaque fin de confession du cri « Louange à toi, Seigneur, mon Créateur et mon Sauveur ! »

Car la confession des péchés permet d’élargir la confession de louange du Créateur jusqu’au Sauveur : en effet, elle permet d’expérimenter concrètement la miséricorde du Seigneur. Miséricorde de notre Seigneur, qui n’est pas un Dieu Pressing : il ne s’agit pas d’arriver propre à Pâques ou de faire briller notre vaisselle. Mais miséricorde de notre Seigneur, parce qu’Il nous sauve en nous donnant un cœur nouveau, un esprit nouveau, celui que nous avons reçu au jour de notre baptême, qui est renouvelé à chaque confession des péchés et que nous recevons à chaque communion. Et pour quoi faire ? À la louange de Dieu !

Père Philippe Saudraix.

[1] Vendredi 4 avril : Journée du Pardon de 9h à 19h dans nos 2 églises simultanément, précédé le jeudi 3 avril d’une célébration pénitentielle non sacramentelle à 20h30, église St Joseph, comme veillée préparatoire à la louange de la Réconciliation